Le journal de Raven

UN AU REVOIR …


Tu es partie si vite. Trop vite. Tant en terme sentimental que médical.

Il était temps de te dire au revoir. Je devais te rejoindre chez le vétérinaire qui avait signé ton arrêt de mort il y a deux ans, afin que tu ferme les yeux à jamais. J'étais en retard. Il avait fallu que je sorte rapidement les chiens et que je vienne. Mais le bus était en retard. Et puis quand il est arrivé il avait un problème et devait rouler moins vite qu'à l'ordinaire. Et puis tu sais bien que les transports public de Genève sont les plus lents du globe. J'avais presque 30 minutes de retard. Mais les vétérinaires t'avaient accordés 30 minutes de répis. 30 minutes de vie en plus. Du répis ou de la souffrance ?
Depuis plusieurs semaines je me sentais extrêment mal. Dérangée, énervée en permanence, refusant de voir les gens tellement j'étais mal. Je ne voulais pas qu'ils voient à quel point je souffrais. Mais je n'ai jamais compris cette dépression. Ce mal-être est parti en même temps que toi. C'était ta souffrance qui me mettait dans cet état et je suis un peu dégoûtée que tu sois partie si tard. Mais tous les signes montraient que tu voulais vivre et que ton corps refusait de mourir. Tu éliminais la morphine si bien que je me demandais même si le comprimé faisait vraiment effet... .
Cela faisait plusieurs jours, ou plusieurs semaines que je ne te reconnaissais plus, ma Moustique. Tu n'étais plus comme avant, sauf de temps en temps, quand tu me montais sur le dos la nuit pour demander des câlins avec ton petit miaulement habituel. Mais au fond la douleur noyait la personnalité que tu étais. Cependant, malgré la torture que tu subissais, tu as su être toi jusqu'au bout. Tu as su feulé et griffé le véto lorsqu'il a voulu te piquer, alors que tu étais dans les vappes, et extrêment mal en point. Tes yeux avaient un voile blanc, mais on y percevait, derrière, du rouge. Sang ou infection ? Personne ne nous le dira jamais. Ta tumeur sur ton dos était énorme à en faire peur. La peau présentait des croutes à plusieurs endroits, signe que la déchirure commençait à opérer. Pourtant ton poil était toujours aussi doux, ton ronronnement plus soulageant que jamais. Et puis tu étais tellement belle ! Je pourrais presque dire plus belle que d'habitude, si tu n'avais pas été malade. Peut-être que la mort te donnait un autre visage, peut-être que nous ne voyons avec de nouveaux yeux.

La veille tu avais éliminé la morphine que l'on t'avais administré dans un combat exceptionnel. Ton corps était froid et tu avais bavé pendant de très longues heures. Tu avais été extrêment forte et ton corps s'était battu avec érnomément d'énergie. Pourtant aujourd'hui je me suis aperçu que tu étais extrêment faible. Et je me rends compte maintenant que tu étais une minette courageuse et puissante, qui avait une volonté de vivre comme on en croise pas toujours. Le vétérinaire t'as mis le produit anesthésiant. Les 3/4 avaient suffit pour t'endormir. Un animal met 5 minutes à s'endormir après administration complète du produit. Toi tu étais déjà endormi. Et la dose aurait suffit à te tuer. Le septième de la dose de poison n'était même pas injecté que ton esprit nous avait déjà quitté. Et mon mal-être également. Je me sens soulagée et mieux depuis que tu n'es pa là. Non je ne suis pas heureuse que tu sois partie. Je suis triste et j'ai pleuré, j'ai pleuré en cours également. Mais je suis soulagée que tu ne souffre plus, que tu ne vive plus ce carnage. J'espère que peu le subirons. Et je t'ai enterré à côté de Gorg. Ce que tu étais belle, enroulée la queue contre tes pattes. Tu avais le bout de ta petite langue qui dépassait, et tes yeux fermés. Comme les fois où tu t'endormais. Il t'arrivais de dormir la langue tirée.

Ce n'est pas de ta mort dont je me souviendrais. Ni même de la douleur ou de ta maladie. Je me souviendrais d'une minette sauvage, active et courageuse. Je me souviendrais d'une Moustique qui m'accompagnait au bus tous les matins au collège et au lycée. D'une minette qui venait nous chercher à 18h00 au bus lorsque nous rentrions de l'école. Je me souviendrais aussi d'une minette qui a été une merveilleuse maman, capable de faire couiner un chien et de le faire saigner, accroché à son dos malgré que l'animal partait ventre-à-terre en couinant afin de protéger ta progéniture. On aurait pu comparer la scène à un vrai spectacle de rodéo, et ton aura incarnait puissance. Je me souviendrais également de la fois où tu a courru après Hitch qui poursuivait Zazou en grognant, croyant qu'il l'attaquait. Et je me souviendrais aussi de la fois ou tu as poursuivit Guillaume pour protéger Zazou tandis qu'elle criait comme si elle avait peur. Et puis les fois où je me disputais avec mes soeurs et que tu te frottais contre moi, puis contre elle, à nouveau contre moi et ainsi de suite jusqu'à ce que nous nous soyons calmé. Un jour je pleurais, j'étais en boule et tu es venue avec ton petit miaulement te frotter contre moi. Tu nous laissais prendre tes bébés dans les mains sans peur dès le premier jour, tu nous ramenait des cadeaux vivants et morts. A nous, mais aux chiens également lorsqu'ils étaient chiots. Beaucoup de monde avait peur de toi, il te considéraient comme une sauvage non domestiquée qui griffait tout le temps. Il suffisait simplement de t'observer et de te comprendre pour savoir ce que tu aimais et non. Parfois tu nous laissais caresser ton ventre et puis quand tu n'aimais pas quelque chose tu nous attrapait les doigts. Tu les gardais un moment dans ta bouche, les relachais et les léchait gentiment. Tu savais grimper au mur de la maison, et tu savais nous ramener une souris en moins de 5 minutes après avoir été lâchée dehors. Et je me souviendrais toujours que tu détestais la flûte. A peine je tentais de m'entraîner que tu accourais pour la taper. Ça me faisait tellement rigoler. Et les séances câlins à l'infini, les fois où tu dormais presque toute la nuit contre mon torse, sous la couette, la tête posée sur mon bras. Les moments de jeux que nous partagions également et puis toutes ces choses drôles que tu as su m'offrir. Sans compter les fois où tu m'as donné le sourire rien qu'en posant mes yeux sur toi...

Ma petite Moustique, je ne t'oublierais jamais et ton absence fera un grand vide. Sois heureuse là où tu es, chasse à longueur de journée ma belle et grande chasseuse.  Ton regard magnifique sera soignée là-haut, la tumeur ne sera plus qu'un souvenir et la douleur sera oubliée. Je t'aime ma poupette.... .